Zoyechka Zhilin ♞ Zoya

Bourrue, délicate.
Un esprit libre.

La vérité est que Zoyechka se contente de mener à bien son existence à sa façon et se délecte des joies de cette dernière sans véritable modération. Elle suit le chemin que ses pieds et sa tête tracent pour elle, vogue et erre là où le hasard la mène sans trop se restreindre ailleurs que dans le monde professionnel. Elle avait réussi à trouver le juste milieu entre lui et le monde du loisir et alterne sans le moindre problème entre tâche ménagère et sieste dans les hautes herbes. Malgré l’amour franc et immuable qu’elle porte au repos ses épisodes de nonchalance et de grommellement réitéré, elle apprécie cependant, suffisamment le labeur, désireuse d’obtenir par ce biais ce qu’elle convoite, ce qui lui apporte chaque jour, entre deux trois râles enroués, un peu plus de satisfaction.

Avec une aisance à se conformer à ses corvées, la fermeté et le soin qu’elle y met, elle avait réussi à se forger par le passé une image de bon employé qui exécute les tâches qu’on lui incombe dans la mesure du possible. Le semblant d’intégrité qu’elle plaçait dans sa carrière lui laissant parfois l’opportunité de contester les tâches les plus corruptrices, car revêtir le rôle d’employé modèle ne signifie pas être assujetti. Dévouée à la tâche, mais aussi à la filiation, c’est un membre de famille veillant consciencieusement à la félicité. Ce, même s’il lui faut être dure avec elle et ce qui l’entoure. S'il lui arrive de faire preuve de maladresse dans ses faits comme ses gestes, l’honnêteté voudrait reconnaître qu’il lui également de faire volontairement preuve de rudesse et se montrer tranchante. Mieux encore, elle ne s’excuse pas facilement sur les sujets profonds, ou du moins, sans réellement le dire. Mais Zoyechka n’est pas mauvaise, pas de plaisir au moins. Individualiste dans l’univers du travail, elle n’en reste pas moins en dehors, un esprit amical itinérant, qui revêt de temps à autre le rôle de bonne connaissance, semant dans ses déplacements la tranquillité qui l’habite la plupart du temps.

Taille : 175 cm
Corpulence : Solide.
Cheveux : Châtains.
Yeux : Gris.
Signes distinctifs : Porte régulièrement un foulard rouge.
Style vestimentaire : Outre son uniforme professionnel, elle porte d’ordinaire des d’amples tuniques traditionnelles mais aussi d’autres vêtements où elle s’y sent à l’aise.

Lorsque Grigoriy Vikachev, financier abject jusqu’à la moelle se décida à embaucher un peu plus de personnel pour sa demeure qui manquait de monde depuis l’émeute des paysans, il s’étonna de voir une jeune femme d’une bonne vingtaine d’années soumettre sa candidature en assurant pouvoir revêtir n’importe quel rôle. Avec la condescendance d’un homme d’âge mûr persuadé d’être assez âgé pour savoir comme il était impossible de savoir faire tant chose, il avait décidé de se payer sa tête en la laissant lui montrer ses talents pour une journée. Et c’est lorsque le soleil quitta son trône d’azur qu’il lui fallut reconnaître qu’il n’avait pas affaire à une fripouille comme il lui avait été donné de voir. Elle avait su s’occuper des chevaux, confectionner des onguents et cuisiner pour un homme dont la finesse du palais était authentique selon ses propres dires.

« Zhilin Zoyechka » était dans la fleur de l’âge, une bêta sans le moindre doute dont le mari avait succombé à un mal pulmonaire. Elle venait de loin, avait de la famille et emmenait avec elle toute une histoire que Grigoriy avait décidé d’écouter. C’était une descendante de serf russe et fille d’une tribu des montagnes nommée Tekké. Elle avait passé une grande partie de son enfance en compagnie de clan nomade dans un aoul dont son grand-père était le chef et y avait tout appris, le soin des chevaux que l’on affectionnait tant, l’herboristerie et l’infirmerie par le biais des bêtas de son clan et quelques omégas assujettis d’autres contrées. Vikachev lui avait alors demandé si la présence d’oméga et d’alpha la dérangerait et elle lui avait conté comme elle avait toujours vécu à leurs côtés à force de rester près de celui qu’elle décrivait vieux comme le monde et dur comme un roc. Il n’y avait pas une seule fois où « baba » s’éloignait des femmes et des hommes aussi coquets que leurs consœurs , tous des omégas dont elle étudia le comportement, la grâce et le charme comme elle l’avait fait avec les chevaux ce qui avait amusé Grigoriy dont la moquerie n’était plus à prouver.  Elle avoua avoir connu ses premières idylles avec quelques d’entre eux par curiosité d’adolescente en affirmant toutefois que cela ne se ferait plus. Tout ceci avant son union encouragée par son grand-père avec Nury, son défunt époux qu’elle n’avait jamais aimé autrement que comme une bonne connaissance même si c’est de cette union que naquit Selbi et qu’il n’eut jamais le temps de voir. Peu désireux d’accueillir sous son toit un enfant de bas âge, elle avait su trouver les bons mots en lui assurant que l’enfant resterait avec ses parents et sa fratrie. Elle avouera plus tard qu’elle n’avait pas assez confiance dans le haut monde pour y glisser sa demoiselle qui choisirait d’elle-même si elle voulait s’y rendre à un âge raisonnable. Intrigué par la jeune femme il lui avait alors demandé comment avait-on pu la laisser quitter sa filiation pour le grand monde et elle avait alors répondu qu’elle était une akhal-téké « un pur-sang » comme on les aimait chez elle et qu’il ne tenait qu’à lui de manquer l’occasion d’en compter un parmi ses employés.


Il fallut quelques jours a Grigoriy pour énoncer les candidatures retenues. Bien sûr, Zoyechka en faisait partie et prit les commandes de son poste de valet d’écurie quelque temps plus tard en même temps que d’autres, commençant au plus pas de l’échelle faute de confiance. Si sa femme l’avait quitté c’était bien à cause de son hypocondrie mais surtout de sa paranoïa qu’il avait développée au fur et à mesure du temps qu’il montait dans les hautes sphères en finançant les nobles et à s’associait à des personnes peu recommandables. Il faudra attendre quelques années pour qu’elle monte en grade et n’atteigne sa chambre en tant qu’employée personnelle de monsieur Vikachev, devenant ainsi le seul véritable employé à qui il accorda sa confiance pendant que sa méfiance excessive, et son avidité s’intensifièrent. Goûter les plats avant qu’ils ne les mangent puis les préparer de sa main, veiller à la sanité de ses moindres produits personnels et fouiller le moindre de ses conquêtes allant et venant, devinrent quelques tâches en plus qu’elle accomplit sans le moindre problème. Cependant, elle refusait catégoriquement ce qui lui semblait contraire à ses mœurs quitte à se mutiner contre son patron et menacer de rompre le contrat, ce pour quoi il capitulait toujours. Elle était en toute certitude la seule figure de confiance dont il ne pourrait se défaire. Une lutte perpétuelle. Si bien qu’il se disait entre les murs de la demeure que même en tant qu’employeur, il dépendait bien plus d’elle qu’elle ne dépendrait jamais de lui et s’il s’en moquait, encore aurait-il fallu qu’il puisse le nier. Mais la concernée ne chercha jamais à aller dans le sens inverse et resta près de lui. L’observant toujours un peu plus sombrer dans sa bêtise mais exceller dans l’art de brasser de l’argent. Assez pour qu’il trouve sa place dans l’entourage d’une famille princière du district de Tazovsky, comptant parmi ses clients quelques membres de cette dernière dont il appréciait le prestige et ses idéologies excluantes. Se déplaçant de temps à autre quand la situation le quémandait pour aller les voir avec Zoya, c’est ainsi qu’en 1911, il décida une fois de plus de s’y rendre pour parler affaires et apprécier les plaisirs de la noblesse à son apogée tout en montant en grade. Il apporterait avec elle celle que l’on nommait Zora pour l’un, Zoya pour d’autres, pour toujours et encore les mêmes questions de confiance. Elle laisserait pour un temps sa demoiselle qui approchait à petits pas de ses dix années de vies.