midnight rain • anja

Qualités : méticuleuse – adroite – flexible – protectrice – attentive – déterminée – rusée – prudente
Défauts : impatiente – bornée – perfectionniste – possessive – rancunière – visage froid de prime abord
Préférences : adepte de l’escrime – voue une passion aux objets de valeur, particulièrement les bijoux et les rapières – le travail bien accompli est son maître mot – apprécie la compagnie des animaux et le calme – tend à s’habiller de noir et blanc même lorsqu’elle n’est pas en service, les seules exceptions étant le rouge et le bleu pâle – transmet généralement son affection par le toucher
Antipathies : celleux qui usent de la violence pour arriver à leurs fins – l’arrogance et la prétention d’un certain nombre d’Alphas – l’inhibition des sens induite par l’ingestion d’alcool – les jeux de pouvoir – les inconnu.e.s qui n’ont que faire de son espace vital – la chaleur

Taille : 1m75
Corpulence : Anja possède une silhouette élancée et athlétique, résultat des heures passées à s’entraîner au fleuret lorsqu'elle était plus jeune. L'escrime ne l'a jamais quitté puisqu'elle en pratique encore les mouvements si son emploi du temps le lui permet.
Cheveux : Longs, légèrement ondulés et noirs. Anja les porte attachés en une queue de cheval durant la journée.
Yeux : Bleu clair.
Signes distinctifs : Une paire de boucles d’oreilles dorées, au bout desquelles pend une perle nacrée. Dans l’intimité de sa chambre, Anja s’octroie parfois une touche de coquetterie en appliquant un peu de rouge à lèvres.
Style vestimentaire : Lorsqu’elle ne porte pas l’uniforme imposé par son statut au manoir, Anja tend à osciller entre tenues androgynes –une chemise et un pantalon étant plus appréciables en cas d’effort– et robes d’époque, la plupart lui ayant été offertes par Antonina.

« Encore. » La voix ferme, presque tranchante d’Antonina sembla résonner dans le silence environnant. D’ordinaire, Anja n’aurait pu ignorer la faune et la flore environnantes, dont les sons familiers l’avaient bercée jusqu’à il y a quelques mois. Mais face au regard brûlant de sa mère, il lui paraissait impensable de détourner son attention. Antonina Sidorova n’était peut-être pas grandement considérée au sein de la noblesse russe, mais nul doute qu’elle ne laissait personne indifférente. Nombre de gens se méprenaient souvent quant à sa véritable aura animale en apercevant sa crinière d’or, ses yeux mordorés et sa carrure athlétique... Sans parler de la férocité et de l’acharnement dont elle faisait généralement preuve en compagnie de la haute société. Une lionne ? Elle n’en était rien. Pourtant, telle une lionne, elle défendait farouchement les siens, son territoire et ses convictions.

Le corps en sueur, les muscles brûlants, douce Anja songea un instant –fugace– à tourner les talons et courir se réfugier dans sa chambre. Pour laisser libre court aux larmes de frustration qui lui brûlaient les yeux, panser ses paumes et ses genoux écorchés. Puis l’éclat de son fleuret, gisant à ses côtés, attira son regard. Elle se souvint alors des paroles de sa mère lorsqu’elle lui avait tendu l’arme pour la première fois.

« Ne laisse jamais tes instincts dicter le duel. S’il y a bien une discipline où tu ne dois pas baisser les yeux face à un Alpha, c’est l’escrime. »

Sois fière, songea Anja, alors aux prémices de l’adolescence –et de la puberté. Elle y arriverait.

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Antonina fut longtemps considérée, à bien des égards, comme le mouton noir des Sidorov. Enfant  sauvage qui fuit ses responsabilités en tant qu’héritière principale de la famille ; jeune fille à la langue acérée ;  jeune femme évoluant dans des cercles typiquement masculins ; Alpha servile… Elle n’hésita pas à intimider les quelques prétendants que ses parents osèrent lui présenter, prit un malin plaisir à dominer des hommes à l’escrime, clama haut et fort qu’elle n’avait que faire de sa nature d’Alpha, et prôna l’égalité des genres, quels qu’ils soient. Ironie du sort, la hiérarchie inhérente au second genre joua un rôle important dans la conception d’Anja. Cette même conception lui fit d’ailleurs regagner une certaine estime familiale, pour le simple fait d’avoir accompli son devoir de femme et perpétué la lignée Sidorov.

Antonina rencontra Velimir Solovyov un beau matin de 1878, durant une chasse à courre organisée par l’une de leurs connaissances respectives. Son charme et son franc-parler eurent rapidement raison des défenses de la blonde, qui trouva en sa personne un ami fidèle puis un amant occasionnel. Lorsque, malgré ses belles paroles, le besoin d’avoir un enfant fit son apparition jusqu’à devenir omniprésent, la jeune femme d’ordinaire si assurée se sentit désemparée. Sans mari à ses côtés, –et se refusant à faire naître un enfant qui finirait lui aussi aux prises d’une société injustement hiérarchisée–, la situation semblait sans issue. Bien sûr, elle finit par en parler à Velimir qui, contre toute attente, lui offrit son aide.

Indécent fut le premier mot qui lui vint d’abord à l’esprit. Puis audacieux. Et non sans conséquences, pour elle comme pour le futur bébé. Personne n’ignorait que l’accouplement d’une Alpha et d’un Bêta pouvait résulter en une grossesse compliquée… Mais c’était également l’une des  unions qui donnait généralement naissance à un.e petite Bêta. L’une des rares chances de tenir son futur enfant à l’écart du prisme Alpha / Oméga.

Anja naquit ainsi le 08 mars 1882.

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Velimir et Antonina ne formèrent peut-être jamais un vrai couple, mais ils choisirent de sauver les apparences en vivant sous le même toit. Cela leur permit aussi d’offrir un semblant de normalité à Anja. La petite fut couvée pendant de nombreuses années, gardée à l’écart des jeux de pouvoir inhérents à la noblesse et à la société de manière plus générale. Velimir se chargea de lui apprendre à lire, écrire et monter à cheval ; Antonina, elle, lui enseigna l’histoire et la géographie. La maîtrise de son aura animale ne vint que plus tard, tâche à laquelle ils s’attelèrent en tandem puisque tous les deux partageaient les mêmes caractéristiques à peu de choses près.

Si Anja avait fini par assimiler des détails concernant le second genre en côtoyant sa famille, ce ne fut qu’aux alentours de ses dix ans qu’Antonina entama enfin ce volet de son éducation. En parallèle, sa génitrice insista pour lui inculquer l’escrime, dont elle se servit à plusieurs reprises pour illustrer un certain nombre de points. La patience, la ruse, la rapidité, l’ingéniosité… Tant de qualités nécessaires pour survivre dans le monde qui était le leur. Anja découvrit sa mère sous un autre jour : une femme, une Alpha puissante et assurée, capable de se montrer dure si la situation l’exigeait. Pourtant, Anja ne comprit véritablement sa mère que lorsque celle-ci l’emmena pour la première fois au manoir des Adamovitch.

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1896. Le paysage enneigé dans lequel se dressait le bastion des Adamovitch, alors dirigé par Viktor Adamovitch, était à ravir les sens. Il sublimait le manoir, déjà rendu imposant et fastueux par son architecture et son étendue. A quatorze ans, Anja fut subjuguée. Même la poigne de fer d’Antonina sur son épaule et son expression grave ne purent entacher la curiosité qu’elle ressentait, à l’idée d’apercevoir une des plus anciennes familles de Russie. Jusqu’à présent, sa mère était plutôt restée évasive quant à la raison de leur venue. La seule chose qu’elle lui avait indiqué était vouloir lui montrer la réalité de leur monde.

Et quelle réalité. Les quelques jours passés au sein du manoir eurent tôt fait de briser cette peinture idéalisée, naïve, que son esprit avait esquissée. Lorsqu’elle n’était pas collée aux jupons d’Antonina, Anja s’était vue au mieux ignorée, au pire congédiée. Sa mère l’avait pourtant prévenue : on n’accordait généralement que peu d’attention aux Bêtas au sein de la haute société. Quant aux jeux de pouvoir... Elle n’avait peut-être pas saisi tous les tenants et boutissants des conversations environnantes, mais elle avait très vite su discerner les piques, les menaces parfois, lancées au détour d’un sourire acéré.

Pour autant, rien de tout ceci ne la marqua plus que les Omégas. De simples objets d’apparat à poupées convoitées ; couvert.e.s de parures pour certain.e.s, vêtu.e.s du tissu le plus fin pour d’autres ;  toujours soumis.e.s au bon vouloir des Alphas. Ce moment, cet instant de vie, plus que n’importe quel autre, forgea l’adulte qu’Anja devint ensuite.

Antonina, de par sa nature d’Alpha, avait toujours pu critiquer et dénoncer la condition et le traitement des Omégas sans craindre de véritables représailles. Anja, elle, savait qu’elle ne disposerait jamais d’autant d’armes que sa mère pour agir à son échelle en tant que Bêta. Ainsi, à dix-huit ans, elle entama son propre périple personnel : elle se fit d’abord embaucher en tant que domestique auprès de la petite noblesse russe pour acquérir de l’expérience dans la gestion traditionnelle d’une maison. Elle n’avait aucun doute quant aux qualités qui lui seraient demandées lorsqu’elle approcherait les Adamovitch : respect, obéissance, professionnalisme et discrétion.

Ce ne fut qu’à ses vingt-quatre ans qu’Anja se jugea enfin prête à proposer ses services au poste qu’elle convoitait depuis des années : la gestion des esclaves du manoir Adamovitch. Poste qu’elle obtint, au grand dam de de sa mère. Son unique enfant, qu’elle avait voulu élever loin du carcan de la société, se jetait sans aucun regret dans la gueule du loup. Peu importe les rumeurs qui courraient bon train sur le sort réservé aux domestiques quittant le manoir, si Anja n’avait qu’une once de chance d’aider les Omégas à son échelle, elle le ferait volontiers.