Ippolit Aves Vassilievski, l'oiseau de malheur

Qualités : patient, entreprenant, observateur.
Défauts : soupe-au-lait, fouineur, fourbe.
Préférences : les chiens, la chasse, l'hédonisme.
Antipathies : l'autorité, l'inactivité, les jérémiades.

Mes expériences m'ont forgé et m'ont appris à rechercher ce que je mérite. Mon caractère peut ne pas plaire, mais je m'en fous royalement. Je fais en sorte que ma récessivité soit un atout et non une tare. Je ne suis rien de plus ou de moins que ce que je choisis de révéler.

Taille : 1m81.
Corpulence : athlétique.
Cheveux : noirs.
Yeux : gris orage.
Signes distinctifs : cicatrice en croix sur la joue droite.
Style vestimentaire : dandy en intérieur, tenue sombre de chasseur en extérieur.

Je sais que j'attire les regards, qu'on me trouve beau ou laid, j'aime en jouer. Je n'ai jamais cherché à cacher ma cicatrice. Je porte ce qui me plait selon la situation. Mon corps profite généreusement de mes activités en extérieur. Jusqu'à maintenant mon allure physique ne m'a jamais desservit.

Oiseau de Malheur, c'est comme ça que ma Génitrice m'appelait. Sans aucun doute lié au fait que j'ai hérité du gêne corbeau, comme son frère, et non du gêne harpie représentant les Vassilievski. Tout ça parce que trois générations avant moi, un aîné est mort sans laisser d'héritier et que sa sœur a donc dû prendre cette place. Cette arrière-grand-mère a eut la malchance de naître oméga et ça a été toute une histoire pour la marier. Seule une petite famille de nobles du grand-nord a accepté de marier leur fils, un grand-corbeau, et laisser leur nom aux oubliettes. Cette aura a donc été tolérée, mais jamais totalement acceptée chez les Vassilievski. En particulier par ma Génitrice qui a chassé son frère dès qu'elle a pris la suite à la tête de la famille.
Ma Génitrice a toujours été une femme en colère. Pour une harpie, c'est un comble, et ce n'est pas un calembour. C'est une personne mauvaise, jalouse, qui a toujours voulu plus alors qu'elle avait déjà tout. Mépris et détestation sont ses émotions naturelles, elle n'aime qu'elle-même. Ma Mère quant-à-elle n'a jamais été rien d'autre que tristesse. Je ne l'ai vue qu'une seule fois sourire : le jour où elle m'a dit adieu.
Toujours sur ses gardes, elle changeait immédiatement d'attitude lorsque ma Génitrice entrait dans la pièce où nous étions. Une frêle et soumise oméga, choisie pour deux raisons. La première, car elle était un oiseau et qu'il fallait des héritiers aviaires pour la lignée Vassilievski. Et la deuxième, car la famille qui la vendait en mariage l'avait bradée, parce qu'elle était une Oméga dans une famille d'Alpha. Allez savoir ce qui est passé par la tête de ma Génitrice, peut-être qu'elle l'avait trouvée belle, heureusement que je suis né Alpha. Corbeau certes, mais Alpha. Je pense cependant que ma Mère m'a profondément aimé, et je sais qu'il lui a fallu beaucoup de courage pour s'enfuir.
Aujourd'hui, je ne lui en veux plus. J'espère que l'enfant qu'elle portait a eu une meilleure enfance que la mienne. J'ai compris pourquoi elle n'avait pas pu m'emmener avec elle. Elle aurait eu tous les sbires des Vassilievski à ses basques, elle ne pouvait pas arracher l'unique héritier sans représailles.
Ma Génitrice ne l'a même pas faite rechercher. Ma Mère m'avait fait promettre de ne rien lui dire pour sa grossesse, et jusqu'ici, j'ai tenu ma langue. Même si la colère de Lady Vassilievski m'est retombée entièrement dessus. C'est à ce moment que j'ai commencé à me cacher d'elle.
Une des rares choses qu'elle aimait était la chasse. Elle la pratiquait à cours et avait de ce fait des dizaines de chiens de races différentes. Leur chenil était mon refuge. Elle a mis plusieurs années à comprendre où je me cachais, grâce à la gentillesse des domestiques, mais je me souviens bien plus du jour où elle m'a attrapé que des heures de bonheur passées auprès des chiens. Je crois qu'elle n'a pas apprécié lorsque j'ai répondu par l'affirmative à sa question : tu aimes donc ces bêtes plus que moi ? Elle m'a alors forcé à vivre dans le chenil, pendant près de quatre mois. Environ. Fort heureusement, c'était encore l'été. Les domestiques m'apportaient des victuailles en douce, généralement sur leur propre part, alors que ma Génitrice avait exigé que je mange comme les chiens.
C'était à la fois un bonheur et une horreur de vivre avec eux. Peu importait les émotions qui me traversaient, les chiens étaient toujours là pour me réconforter, me réchauffer, m'apaiser. Une chienne en particulier veillait continuellement sur moi. Alors, quand elle a eu des petits, je les ai caché, car je savais que ma Génitrice allait s'en débarrasser. C'est ce jour là que ma colère a été suffisamment forte pour que je perde en partie maitrise de mon aura animale.
Mes yeux sont devenus noirs, d'après ce qu'on ma dit, et ma bouche et mon nez un bec anthracite. J'ai voulu lui crever les yeux à travers le grillage, alors qu'elle emportait les chiots qu'elle avait fini par trouver. A ce moment là, je n'avais plus en tête qu'elle maîtrisait totalement son aura animale. En quelques secondes, une harpie fondait sur moi et ses serres se refermaient sur ma joue. J'en garde une marque à vie mais, en vérité, elle n'est pas pour me déplaire. Je devrais même dire qu'elle est la cause de plusieurs de mes conquêtes.
Après cet épisode du chenil et de ma blessure, je me suis tenu tranquille et ma Génitrice ne m'a plus cherché de poux. Cela s'est de nouveau envenimé quelques mois plus tard, lorsqu'on a compris que j'étais un alpha récessif. Du jour au lendemain je n'ai plus été considéré digne d'être l'héritier reproducteur des Vassilievski. Ma Génitrice a recommencé à me traiter comme un moins que rien et elle a engrossé un nouvel oméga aviaire. Un homme cette fois, comme si ça pouvait lui donner plus de chance d'avoir un véritable alpha pour descendance.
Je ne sais pas si elle y est parvenue car je suis parti avant la naissance de mon demi-frère ou demi-sœur. Comme ma mère l'avait fait avant, j'ai fuit cette maison qui de toute façon n'avait jamais véritablement été la mienne, emportant avec moi la chienne dont ma Génitrice avait tué les petits. Elle était déjà vieille et ne passa pas l'hiver, mais je sais lui avoir donné ce qu'elle méritait, et qu'elle a été heureuse à mes côtés.
Mine de rien, je dois des remerciements à ma Génitrice : elle n'a même pas essayé de me retrouver. Je n'étais plus rien pour elle, et c'était très bien comme ça. Durant les dix années qui suivirent, j'ai cherché ma place dans les autres familles d'alpha sans jamais la trouver réellement. Tout comme ma Génitrice l'avait fait, j'étais traité avec le moindre égard car je n'étais ni un alpha dominant, ni un oméga obéissant. Mon seul réconfort était encore et toujours avec les chiens. Eux m'acceptaient tel que j'étais, et j'avais un don avec eux, pouvant en faire ce que je voulais. C'était là ma véritable place.
J'ai rapidement décrété que je ne subirais plus, et que j'avancerais coûte que coûte. De toute façon, dans ce monde, soit on est chassé, soit, on est chasseur. J'ai décidé d'être un chasseur, et mes chiens sont un atout. C'est ainsi que depuis mon arrivée au manoir des Adamovitch, il y a deux ans maintenant, je suis chasseur d'Oméga.
Je n'attend plus rien de la vie et je prend ce dont j'ai envie.