Aimé, oiseau chanteur (musicien) [Finit]

Artiste – Dandy – Peureux – Précieux – Prude – Communiste

La première chose qui te définit, c’est la musique. Tu es un musicien hors pair et tu ne peux absolument pas envisager de vivre sans elle. En un sens, elle est ton premier amour. Ton instrument de prédilection est le piano, mais tu sais aussi jouer du violon, du violoncelle, de l’alto, de la flûte traversière, du hautbois et même un peu de harpe et quelques percussions. Ou encore d’autres instruments moins nobles, qui ne figurent pas dans un orchestre symphonique, tels que la guitare ou encore de l’orgue. En tant que musicien accompli, doté d’une excellente oreille musicale, tu peux apprendre facilement n’importe quel instrument. A l’exception des cuivres. Tu n’as jamais réussi à tirer un son de cette famille qui te satisfasse. Si tu as appris autant d’instrument, c’est parce que cela te semblait nécessaire pour accomplir ton rêve. Tu te rêvais chef d’orchestre et compositeur de grandes hymnes. Mais la discrimination à laquelle tu dus faire face en tant qu’omega a fini par avoir raison de ceux ci.

Si ce n’était ton second genre, tu aurais pu faire toute sorte de choses. Ta facilité d’apprentissage notamment t’aurait ouvert bien des portes. En plus d’avoir appris toute sorte d’instruments, tu es polyglotte accompli. En plus du français, tu parles l'italien (parce que c'est la langue de ta mère et une langue d'opéra) et l'anglais (notamment grâce à tes cousins américains qui venaient en été). Tu as une maîtrise relativement correcte de l'allemand (pour les opéras encore, bien que tu sois loin de ton objectif) et du russe (par admiration pour Tchaïkovsi, même si tu n'aurais jamais cru que cela allait te servir) mais tu as des difficultés à converser dans ses langues. Enfin, tu baragouine quelques mots d'espagnol, bien aider par ta maîtrise de deux autres langues latines. Tu aurais aimer apprendre plus, mais au final, tu as manqué de temps. Néanmoins, ta facilité avec les langues aurait pu t'ouvrir les portes de la diplomatie.

D’autant plus que tu as d’excellentes manières. Tu es en (presque) toute circonstance courtois et poli. Tu sais lancer quelques piques fort bien senties lorsque l’on t’attaque et ce tout en restant d’une élégance irréprochable. Tu as l’esprit fin lorsqu’il s’agit d’évaluer les liens et les jeux de pouvoir dans une conversation mondaine, et tu as de l’expérience. Tu es capable de très vite évaluer une situation afin de tirer ton épingle du jeu. Ou, au manoir, afin de te protéger du mieux possible. Dans la lignée de dandy tels que Brummel et d’Orsay, tu tâches d’afficher un flegme de toute circonstance, comme si tout t’ennuyait, comme si rien ne pouvait jamais te surprendre. Excepté lorsque tu parles de musique. Tu ne te serais jamais douté que ce flegme affiché allait te servir ailleurs qu’en haute société, mais au manoir, c’est, penses tu, ce qui te protégeras. Tu veilles à réagir le moins possible aux nobles, comme si tu n’étais qu’une poupée sans âme, capable uniquement de jouer de la musique. Pas de jeux d’esprit avec eux, pas même pour remettre ces pseudos nobles russes à leur place. Car tu dois te faire discret avant de trouver une solution pour partir d’ici.

Toi, qui est normalement si fier et hautain, tu vas devoir prendre sur toi, obéir aux ordres qu’on te donne, accepter de vêtir de vulgaires fripes. Tu as déjà pu voir d’un peu trop près la salle de torture alors que l’on a arraché tes plumes pour t’empêcher de fuir à tire d’ailes. Tu as toujours été un enfant chéri, choyé, aimé et tu as peur de souffrir. Tu n’es pas véritablement courageux, tu n’oserais jamais élever ta voix contre ce système, te dresser pour protéger d’autres plus faibles. Non, ce sont les autres qui doivent te protéger toi. En attendant, tu ne peux que courber l’échine. Fort heureusement, tu as un talent précieux. Les notes qui s’envolent sous tes doigts graciles ne manquent jamais de fasciner tes auditeurs. Jouer de la musique, c’est un ordre facile à accepter.

Mais il y a ce que tu redoutes le plus. Que l’un de ses pervers te touche. T’embrasse. Et pire encore. Tu as toujours été un romantique. Tu as toujours rêvé de ton âme-sœur. Tu pensais que tu pourrais te réserver pour lui et rien que pour lui. C’est donc aussi ta chasteté que tu dois défendre dans ce manoir. C’est pour cela que tu tâches de te faire discret et d’apparaître comme quelqu’un qui serait trop ennuyeux dans ce genre d’exercices. Ton âme sœur ne peut être ici, ton âme sœur ne peut pas être l’un de ces barbares sous évolués.

Une dernière chose à savoir sur toi, c’est ton engagement politique. Ton second genre qui t’a fermé bien des portes et ta mère, elle même féministe, t’ont rapproché de ce courant. Mais tu te sens aussi proche du communisme. Tu n’es pas le seul de ta famille, bien que vous soyez des bourgeois, à la tête d’un patrimoine tout à fait acceptable, ta famille et son long historique de combat en faveur des opprimés n’avait pas pu passer à côté de l’ouvrage de Karl Marx. Toi en particulier, tu y as aussi vu la lutte entre les genres, associant le capitalisme criminel aux alphas, tandis que les plus faibles, comme les femmes et les omegas, en étaient les plus grandes victimes. Et si te dresser directement contre l’oppression te fait trop peur, parfois, tu te dis que tu pourrais être le Lenine de tous les omega du manoir. Celui qui les guidera vers la rébellion pas à pas, en toute discrétion. Fais attention cependant. Car toi, ce n’est pas l’exil que tu risques. En attendant de pouvoir faire mieux, tu te rebelle d’une façon détournée, et en particulier dans tes choix de musique que tu joues. A moins que l’on ne te l’ordonne très spécifiquement, tu ne joueras pas de la musique de compositeurs russes. Tu préfères joueur les compositeurs français, ou encore Chopin, ce polonais qui a fuit l’Empire russe. Tu reprends au piano certaines chansons d’opéra très moqueuses de la noblesse, comme dans les Noces de Figaro. Il faut donc être un minimum mélomane pour se rendre compte de cette rébellion subtile.

Taille : 1m60
Corpulence : Svelte, quelques muscles finement dessinés grâce à une pratique sportive régulière, mais qui s’effacent de plus en plus depuis son enlèvement
Cheveux : Blonds
Yeux : Bleus
Visage : Machoire carrée, pomettes saillantes,
Style vestimentaire : S’il en a la possibilité, c’est à dire si les responsables du manoir veulent bien, Aimé sera vêtu d’un costume à trois pièces : pantalon, veste et gilet, même si les tissus ne seront pas aussi nobles que ses anciens vêtements. Le plus souvent hélas, il doit se contenter d’une chemise pour couvrir le haut de son corps, ce qui lui donne l’impression d’être en sous vêtements.

La famille Delaunay est une vieille famille française de petite noblesse, bien qu’ils ne le revendiquent que rarement. Leurs origines remontent au mariage d’un bourgeois alpha à l’aura de loup avec la fille omega à l’aura de cygne d’un petit baron durant le siècle des lumières, ce qui a donné leur blason : un cygne blanc se lovant contre un loup. Néanmoins, s’il y a bien une chose dans laquelle cette famille s’est distinguée, c’est d’être des agitateurs voir des révolutionnaire. Un ancêtre d’Aimé a participé à la guerre d’indépendance des Etats Unis aux côté du Marquis Lafayette. Un autre; bien que représentant de la noblesse, avait soutenu le Tiers Etat lors du Serment du Jeu de Paume. Un autre encore, député girondin, s’est trouvé sous la guillotine pendant la terreur. On trouve encore des Delaunay dans les petites notes de l’Histoire, toujours du côté de la liberté. Cela fait longtemps que la noblesse française ne les reconnaît plus comme nobles, d’autant plus que la famille n’a jamais cherché à faire de mariages politiques ou prestigieux, uniquement des mariages d’amour, quitte à faire mésalliance sur mésalliance. Et même parfois à se marier à des bêtas.

Ton père est l’actuel Chevalier de Monségur et ta mère est une alpha issue de la haute bourgeoisie romaine. Elle a poursuivi ton père cinq année durant, alors qu’il s’entêtait à trouver son âme sœur, et ce malgré qu’il était clair pour tout le monde sauf lui qu’il était fou amoureux de cette belle italienne. Ils eurent trois enfants, dont tu es le benjamin. Mais à la différence de ton frère Anafiel et de ta sœur Eléonora, tu es né omega. Pour ton père, ça a été évident, car comme presque tous les omegas de votre famille, ton aura fut celle d’un oiseau, le cygne chanteur, alors que tes aînés étaient tous deux des louveteaux. Mais tu n’en fus pas moins aimé, choyé et surtout protégé, entre votre maison parisienne et votre domaine d’été à Monségur, non loin de Bordeaux.

L’une des plus belles marques d’amour de ton père, c’est son changement de spécialité en tant que médecin. Dès ta naissance, il devint gynécologue et se spécialisa dans le suivi des hommes omega et de leurs grossesses, au cas où tu épouserais un homme alpha. Ta mère était déjà une féministe engagée, mais elle commença aussi à défendre les droits des omegas. Tu bénéficias de la même éducation qu’Anafiel et Eléonora. Ce fut d’abord votre mère qui vous apprit à lire, écrire et compter, puis des tuteurs privés qui vous enseignèrent la littérature, la musique, la philosophie, l’économie, la politique, les langues étrangères et bien d’autres choses. Des tuteurs privés, car tes parents refusèrent d’inscrire tes aînés dans les établissement publics (pas assez bien pour leurs petites merveilles) ni dans les établissements privés, car ceux ci refusaient l’inscription des omega, hors, tes parents ne voulaient faire aucune différence entre vous. Du moins, pas sur ce sujet là. Vous fîtes aussi de nombreux sports et même si tu étais clairement d’un niveau inférieur à tes aînés, cet entraînement physique régulier te permit d’être plus fort que bien d’autres omegas.

Tes premières chaleurs ne surprirent personne, pas même toi qui avait été éduqué par ta mère en prévention. Mais tu ne les détestas pas moins. Pour la première fois de ta vie, tu n’eus d’autre choix que de t’isoler une semaine durant, alors que ton frère et ta sœur continuaient vos leçons. Parfois, tu devais manquer une soirée à l’opéra que tu avais attendu pourtant un mois durant. Ou pire encore, tu perdais une semaine de vacance en été alors même que vos cousins américains étaient là. C’est aussi à partir de ce moment que tu commenças à faire face aux discriminations contre ton genre. Certains de vos amis commencèrent à se moquer de toi et même si Anafiel comme Eléonora coupaient alors immédiatement tout contact avec eux. Parmi vos précepteurs privés aussi, il y eut du grabuge. Certains arrêtèrent de t'enseigner, pour se concentrer sur tes aînés. Ce que tes parents ne laissèrent pas passer, mais à partir de là, il y a un véritable roulement dans vos professeurs, tant enseigner à un oméga semblait rebuter certains. Tu pris du retard dans tes études tant à cause de tes chaleurs qu'à cause de pénuries d'enseignants disposés à réellement t'enseigner. Tu fus presque forcé à te concentrer sur ce que tu aimais le plus, à savoir la musique et les langues, au dépend du reste, même si la politique refit son apparition plus tard.

Le pire néanmoins fut lorsque tu voulus rejoindre l’orchestre philharmonique de l’Opéra Garnier. Ton inscription aux auditions fut d’abord purement et simplement refusée à cause de ton genre. Ton frère aîné t’aida alors, te prêtant son nom pour que tu puisses participer et tu pus éblouir un temps le chef d’orchestre André Messager comme le directeur de l’Opéra et ancien chanteur lyrique Pedro Gailhard. Mais tu fus dénoncer par l’un de vos anciens amis, l’un de ceux qui avait moqué ton statut d’oméga. Les compliments se transformèrent immédiatement en critiques et tu fus raillé. Comme si l’annonce de ton genre avait soudainement rendu ta musique inférieure. Ceci créa un petit scandale et ta famille en prit un coup, surtout ton frère qui voulait alors se lancer en politique pour le Parti Socialiste.

Un autre milieu où ton genre finit par t’exclure fut celui des dandy. Si tu t’habillais comme eux à la pointe de la mode, si tes accessoires, chapeaux, cannes et montres à gousset entre autres, étaient toujours innovants et de bon goût, si ton élégance n’avait jamais été remise en question… Tout cela n’était rien face à ton second genre. Sitôt qu’il était su, tu étais rejeté. Hors, après ce petit scandale, toute la société mondaine de Paris avait connaissance de ton genre. Et tu perdis tes derniers amis parmi les alphas et même les bêtas du beau monde. Même si tu devins par la même un excellent parti. Mais ceci ne t’intéressait pas. Car en grand romantique, tu ne voulais épouser que ton âme sœur.

Dans ces conditions, il ne faut pas s’étonner que tu te rapprochas du courant féministe. Grâce à ta mère tu pus rencontrer Sarah Bernhardt et Louise Michel qui t’ont énormément appris. Et t’ont redonné du courage. Tu as commencé à te battre contre la discrimination à ton encontre, tu as montré, encore et encore, ton talent pour la musique, en jouant dans divers salons, en écrivant des essais dénonçant les abus contre les omégas, en fondant une association pour aider les omégas contraints à la prostitution. Tu composas tes propres pièces que tu essayais de faire jouer en gardant l'anonymat car si ton nom apparaissait, on aurait ignoré immédiatement ton travail. Bref, tu foutais le bordel dans la société de la Belle Époque alors que tu approchais peu à peu de la vingtaine. C’est peut être pour cela que tu finis ainsi.

Un soir, alors que tu rentrais d’un ballet donné à L’Opéra Garnier avec ta sœur, dans un taxi, celui ci dévia de sa route sans que vous ne vous en rendiez compte, car trop occupés, comme toujours, à discuter entre vous plutôt que d’observer les alentours. Le chauffeur s’arrête brusquement dans une ruelle déserte et s’enfuit, laissant le champ libre à plusieurs individus. Ils eurent vite fait de vous maîtriser, de t’assommer et de t’embarquer de force. La dernière chose dont tu te souviens, c’est ta sœur qui se débattait pour essayer de venir à ta rescousse. Et puis, tu te réveillas dans un train de marchandises, pieds et poings liés, surveillé par un homme que tu n’avais jamais vu mais qui parlait russe. Il te força à te transformer afin de t’arracher plusieurs plumes, te privant de ta capacité de voler pour au moins une année. Tu changeas de trains à plusieurs reprises, et bientôt tu fus rejoins par d’autres omégas comme toi. Tu ne sais pas combien de temps le voyage dura, mais tu peux reconnaître la dernière gare grâce à des photos : Saint Petersbourg. A partir de là, ces hommes ne se donnèrent même plus la peine de vous cacher. Personne ne semblait s’interroger sur vous, vous étiez simplement des prisonniers acheminés quelques part. Un long voyage en charrette vous emmena jusqu’à ce manoir en Sibérie.

Il ne te fallu pas longtemps pour comprendre dans quelle genre de situation tu étais. Tu avais très vite compris que tu étais devenu une marchandise, comme les sacs de blés avec lesquels tu avais voyagé. Un esclave. Pour te protéger des attouchements de ces affreux marchands de chair, tu avais mis en jeu ta vie, les menaçant de te donner la mort s’ils osaient te faire quoi que ce soit. Comme ils devaient encore rentrer dans leurs frais, ils n’avaient pas pris le risque. Mais qu’en serait-il ici ? Alors qu’ils te forçaient à avancer, tu regardais le ciel. S’ils oubliaient, tu auras peut être une chance. En attendant, tu devais trouver quelque chose qui te donnerait juste assez de valeur pour éviter les mauvais traitements, sans être trop remarquables. La seule chose que tu voyais, c’était la musique. Tu cachas aussi ta belle maîtrise du russe derrière une prononciation hésitante voire carrément bancale et un vocabulaire des plus simples.

Comme tu t'en doutais, tu es devenu rapidement un musicien apprécié au manoir. Ta musique enchantait plusieurs nobles, suffisamment au moins pour qu'ils te laissent tranquille alors que tu jouais, sans rien chercher à te faire de plus. Mais ce n'est que le début d'une longue guerre.