Animal : Aura animale : Alpha dominante - Hyène tachetée.
Propriété : Alina et...
Particularités : Angiome sur le coude gauche, taille impressionnante - odeur de pétrichor.
Esfir - You could be the king but watch the queen conquer. Lun 17 Avr - 9:34 | |
| Esfir ChevtchenkoJe vous demande maintenant si elle est bien juste, la loi qui ordonne à celui qui n'a rien de respecter celui qui a tout.
— Le marquis de Sade, La philosophie dans le boudoirNom(s) : Chevtchenko. Prénoms : Esfir, de patronyme Anatoliyevna. On la surnomme "bouyanova" ( боуыанова : la bagarreuse). Date de naissance : 12 Avril 1870. Âge : Quarante-et-un ans. Nationalité : Cosaque zaporogue (ukrainienne) née sur le territoire russe. Rang : Noble, baronne. Poste : Lieutenante d'un régiment de hussards. Etat civil : Célibataire, puisqu’elle dit qu'elle est déjà "mariée à la liberté". Sexe : Féminin. Genre : Cisgenre en apparences, mais s'étant cependant toujours senti homme. Second genre : Alpha Dominante. Aura animale : Hyène tachetée. Odeur : Pétrichor. Orientation sexuelle : Opportuniste, car pour la citer : "le sexe c'est comme le cochon. Et tout est bon dans le cochon". Dominance : Stone top, dominante, pénétrante. Esfir voit la soumission et le fait d'être prise comme dégradants. Artyom Adamovitch (père) - Alpha Dominant - Grand dauphinAnatoliy Chevtchenko (père) - Alpha Récessif - Hyène tachetée Esfir Chevtchenko - Alpha Dominante - Hyène tachetée CaractèreQualités : Joviale, drôle, bout-en-train, sociable, difficile à énerver, audacieuse, généreuse, réfléchie, patiente, extrêmement finaude (avec une pensée machiavélienne), perspicace, débrouillarde, dure-à-cuire, difficile à influencer, bien plus fine qu'elle ne le laisse paraître, maternelle, prudente. Défauts : Dissimulée, roublarde, brutale, opportuniste, belliciste, putassière, langue de vipère, médisante, vicieuse (dans tous les sens du terme), sans scrupules ni pitié pour qui se met en travers de sa route, rancunière, grossière (un vrai butor), paranoïaque, manipulatrice, condescendante. Préférences : Faire la fête, jouer du violon, chanter à tue-tête et danser, la bonne chaire et l'alcool, les longues balades à cheval, raconter des histoires ou des contes, faire des farces aux autres, cancaner, faire la cour aux gens, se faire passer pour une brute sans cervelle, la bière, ourdir méticuleusement des plans et autres complots, les jeux de hasard. Antipathies : Les questions personnelles, les vêtements féminins, qu'on cherche à la dominer ou l'humilier, les gens qui pleurent, racontent leurs vies et/ou se plaignent facilement, la faiblesse de caractère dans l'ensemble, toute odeur d'agrumes, se rapprochant de celle de son ancien mentor qu'elle haïssait avec passion. Ce qui caractérise Esfir, c'est sa profonde conscience des choses qui l'entourent. Si elle n'a pas l'éducation ou la bonne naissance de certains autres nobles vivant au manoir, son intelligence pratique est redoutable. Il existe cependant deux Esfir : celle que l'Alpha offre et celle qu'elle dissimule. Celle qui incarne les plus beaux clichés concernant les hussards : frustre et bravache, portée sur la boisson, la cuisse légère, sans manière, tout juste intéressée par les plaisirs gras de la vie et l'instant présent. C'est celle qu'elle brandit comme une égide pour dissimuler sa véritable nature et assurer sa survie dans ce nid de vipères qu'est le manoir Adamovitch ; une ogresse qui n'aime que foutre, se battre et manger jusqu'à la nausée. Une cosaque, une sauvage.
Peu savent qu'elle joue du violon et chante plutôt juste, a parcouru les livres de quelques grands auteurs et humanistes - dont Nicolas Machiavel, Erasme ou encore Rabelais, sait danser bien plus que les danses populaires, parle et lit parfaitement non seulement le russe, le balatchka (ou "petit-russe", de l'ukrainien influencé par le russe) mais également l'allemand et un peu le français. Sa personnalité est pour le moins coriace, difficile à influencer, tenace, mettant tout en place pour parvenir à ses objectifs sans craindre de se heurter au moindre scrupule. Pourtant, chaleureuse et fascinante, Esfir possède une certaine attraction sur les autres, auquel tout le monde n'est cependant pas sensible. Éveillée et communicative, elle sait émuler les autres, les encourager à se libérer de leurs inhibitions, des carcans dans lesquels ils sont pris et se montre redoutable meneuse d'hommes quand elle se lance dans la bataille. C'est une stoïcienne détachée qui prend tout ce que la vie lui charge sur le dos avec une détermination proche de la folie ; survivre, encore et toujours. Survivre à tout, jusqu’à ce qu'elle ait atteint son objectif de vengeance.
La liberté est son plus grand bien et elle dit jouir d'une hardiesse élitiste, un privilège de disposer en maître de son propre corps et du corps des autres, une assurance d’impunité. Jamais, elle ne considérera appartenir à quelqu'un d'autre qu'elle-même et méprise les misérables créatures - quelque soit leurs genres - qui se font les extensions de leur conjoint‧e. Tout le monde devrait posséder la liberté, mais peu la méritent. Car elle se mérite, d'après Esfir. Parjure et malhonnête, toute entière dédiée à sa propre survie et l'aboutissement de ses desseins, l'Alpha est une scélérate et c'est peu de le dire. La sensiblerie chez les autres la révulse et se dit fière d'un apparent manque de compassion qui bien évidemment n'est encore une fois que poudre aux yeux afin de passer pour le grand méchant loup ; il est cependant vrai que l'expression des sentiments et des angoisses chez ses interlocuteurices l'ennuie profondément et elle n'est pas une personne qui prend du temps pour le bien-être d'autrui : chacun doit savoir s'occuper de soi et ne dépendre de personne, étant ainsi plus par dureté que par réellement méchanceté. Après tout fut-elle créee dans la douleur, lame maintes et maintes fois brisée pour être reforgée, rendue de plus en plus dure et tranchante par la guerre qu'elle connut toute sa vie.
Conséquence des extravagances de ce qu'elle considère comme "un esprit fort", l'Alpha manifeste ce qu'elle appelle "une petite dureté"... c'est-à-dire en apparence une complète insensibilité : pas de larmes, pas de compassion mais une empathie guidée par la raison, détachée. Elle met en pratique ce qu'elle prêche et ne transige pas : "Mon âme est dure, et je suis loin de croire la sensibilité préférable à l’heureuse apathie dont je jouis", explique-t-elle a qui veut l'entendre. Esfir apprécie confusément cette vile image qu'elle offre aux autres parce qu'elle apprécie qu'on la méprise et ce pour une raison inconnue : plaisir de nuire, joie de décevoir. Peut-être est-il plus simple pour elle de se faire haïr plutôt qu'aimer car elle ne sait rien de l'amour mais beaucoup de la haine.
La femelle hyène est la plus grande et la plus agressive de l'espèce et Esfir tend à parfaitement illustrer cette idée. Ne disposant pas de cycles menstruels, ses déséquilibres hormonaux rendent ses ruts particulièrement impressionnants et la quadragénaire passe de la bout-en-train décontractée à une bête écumante bouffie d'agressivité et de frustration. Aucun homme Alpha ne peut alors l'approcher sans risquer qu'elle s'en prenne à lui de toutes ses forces et les Omégas la rendent littéralement folle au point que pour éviter de s'enfermer tous les trois mois pendant plusieurs jours, Esfir n'a trouvé que l'idée de porter une muselière, idée singulière qui lui a valu quelque railleries (mais personne n'a osé les lui faire en face) mais qui fonctionne. Porter une muselière, mordre dans un bout de bois, une ceinture pliée ou un mors d'équitation lui permet, par effet de placebo, de maîtriser ses bouffées d'agressivité et lorsque cela arrive, ses angoisses existentielles. PhysiqueTaille : Deux mètres cinq ; imposante, statuesque. Corpulence : Mésomorphe poids lourd pesant plus de cent kilos : épaules larges, ossature forte, membres longs, cuisses épaisses et puissantes, dos en V, poitrine opulente, naturellement musclée. Cheveux : Une longue tignasse indisciplinée d'un noir aile-de-corbeau. Yeux : De grands yeux bleus très clairs, où parfois passent des éclairs comme au ciel passent les orages. Signes distinctifs : Plusieurs cicatrices ça et là, héritées durant les conflits qu'elle a vécu durant la guerre russo-japonaise. Un angiome (tâche de vin) recouvrant tout son coude gauche, qu'elle partage avec Artyom Adamovitch et qui lui sert de garantie à sa reconnaissance filiale. Des tâches de rousseur au niveau du dessus du nez et des épaules. Une voix de stentor très grave pour une femme, aux accents vespéraux, difficile à louper dans les couloirs du manoir. Esfir est grande, faite à peindre. C’est une quadragénaire d’une certaine beauté sans être ineffable, vigoureuse scélérate avec infiniment de chaleur dans l’esprit, couplée à un cœur sauvage - caché derrière un calme taquin - difficile à manquer quand on l'étudie un peu. Ses cheveux, d'un noir de jais, cascadent en s'ourlant contre ses larges épaules constellées de tâches de rousseur. D'autres plaisent plus mais l'Alpha surprend et dérobe là où les plus jeunes qu'elle attirent. La cosaque n'est pas vraiment belle, ni charmante, ni aimable : le feu de ses regards est tel qu'il devient impossible de la fixer lorsqu'elle vous observe. Mais ces yeux, grands et impérieux, en imposent plus qu'ils ne plaisent. Elle intimide plus qu'elle n'attire. Sa bouche, ronde et lippue est fraîche et voluptueuse mais ne semble savoir que sourire en coin et vous flatter pour mieux vous mordre aux sangs dès qu'elle le pourra.
Venimeuse hyène aux appas vulgaires assumés, la brune est statuesque, l'équilibre puissant naissant à la base de deux pieds bien solidement ancrés dans le sol. Esfir est puissante, portant le sabre et la hache, chevauchant sans mal un cheval de trait. Son maintien est à la fois dur et relâché selon ses interlocuteurices et celleux qui ne la connaissent pas la voient rapidement comme une outrancière virago qui ne jure que par la fête, le bruit et le chaos : elle est en réalité l'absolu inverse de l'idée. Plus qu'une main de fer dans un gant de velours, Esfir est en réalité une main habile dans un gantelet d'armes et cette subtilité se dessine à l'ombre de gestes courtois et maîtrisés lorsqu'elle sort de son personnage de rustre hussarde. Elle jouit d’une santé de fer, femme solide au tempérament vigoureux capable d'abattre une somme conséquente de travail sans s'épuiser. Ses proches la voient facilement comme une véritable force de la nature, rarement voire jamais malade.
Toujours en mouvement, il semble sourdre d'elle une énergie infernale qui épuise facilement ses proches. Elle n'a pas l'air avenante ni même digne de confiance : l'impression qui se dégage de cette brune vénéneuse porte en elle le parfum capiteux de la fourberie et du calcul constant. Mais prenez garde : la première impression est rarement la bonne et les gens sont souvent plus complexes que la dualité entre le noir et le blanc. Trompeuse est-elle, Esfir Anatoliyevna, à l'évidence ; mais les apparences le sont plus encore. Style vestimentaire : Esfir refuse de porter des vêtements féminins, arguant que de toute façon avec sa taille, aucune robe ne lui rendrait justice et elle passerait pour fagotée plutôt qu'habillée. Appréciant de laisser sa chevelure libre, elle n'aime rien qui soit complexe ou difficile à porter. Il est difficile de la louper dans les couloirs du manoir car l'Alpha porte en général la tenue masculine traditionnelle cosaque : pantalon bouffant avec bottes à pointe retroussée, caftan circassien, manteau court sans manche et chemise ample auxquels elle additionne un chapeau en peau de mouton et une cherkeska (un manteau de laine à col haut) quand elle sort dans le froid. Pour l'occasion d'un bal ou d'une rencontre plus formelle, il lui arrive de porter son uniforme de hussard mais dans tous les cas vous la verrez toujours sabre - ou couteau si elle ne peut pas - à la ceinture, l'épée étant la marque de distinction de la noblesse guerrière qu'elle tend à illustrer. HistoireTw : Abus sexuels, maltraitance infantile.
Elle n'était pas la bienvenue en ce monde, cette enfant sans pères et sans famille. Elle est la fille d'un sergent d'un régiment de hussards qui lui donna le jour par le bas dans des circonstances et une hygiène qui lui ôtèrent la vie, la laissant orpheline dès sa venue au monde. De son autre géniteur, elle ne sut jamais rien et ce fut Goran, le frère aîné de son père porteur qui l'adopta et s'occupa d'elle. Esfir grandit élevée comme un garçon (Goran la renomma Esfim et lui interdit de révéler la vérité à quiconque) dans les campements militaires de réserve en Empire Ottoman, le cœur nomade toujours entre deux villes, enfant des grands chemins. Son oncle Goran ne lui témoigna jamais le moindre amour et se montra intraitable avec elle. A l'âge où les petites filles jouent avec des poupons, la fillette habillée en garçon s'amusait avec des sabres cassés et apprit à monter à cheval. Le mépris de Goran était tel que ses hommes se demandaient pourquoi il n'abandonnait simplement pas la petite fille devant une église ou à un orphelinat mais l’homme s'entêtait à traîner derrière lui cette gamine dans le but d'en faire "quelque chose" ; mais que voulait-il en faire ?
A huit ans, elle était cette image d’Épinal du petit joueur de tambour au regard éteint d'en avoir déjà bien trop vu. Le régiment de son oncle rejoint le reste de l'armée russe et franchit le Danube puis les cols des Balkans pour participer au célèbre siège de Plevna, prenant la ville avec succès. Puis ils chevauchèrent à travers les plaines de Thrace pour prendre Constantinople et Andrinople, quelques jours plus tard. Cependant au cours ce cette bataille, Goran perdit un bras et se retrouva rapatrié sur le sol russe, accompagné de ce "neveu" dont il avait pris la charge. Mais l'oncle d'Esfir ne fut plus jamais le même et c'est à ce moment que la vie de la fillette - qui était déjà plutôt difficile - devint un véritable enfer. Tombant dans une profonde mélancolie, il se mit non plus à l'ignorer mais au contraire à vouloir d'elle qu'elle soit irréprochable. Peu désireux de la voir faire des travaux qu'on attribuait plutôt aux femmes, l'homme la confia à un précepteur allemand qui lui enseigna autant l'histoire que les mathématiques ainsi que sa langue natale. Esfir put reprendre son identité féminine, et appris l'escrime et bien d'autres choses qu'on réservait aux garçons. Ce fut une période à la fois difficile et formatrice, qui acheva de la jeter dans la confusion : si Goran la méprisait, pourquoi s'investissait-il autant dans son éducation et surtout, pourquoi l'élevait-il comme un garçon, sans objectif de vouloir la marier quand elle aurait ses premières chaleurs ?
Ces dernières ne virent jamais. A la place de quoi, d'impressionnants ruts dévastèrent son humeur, laminant les canapés de la demeure familiale, cassant une jambe de son oncle quand ce dernier tenta en vain de l'enfermer dans sa chambre. A quatorze ans, Esfir mesurait déjà un mètre quatre-vingt et dépassait Goran en taille comme en force. C'est là que l’adolescente comprit, lorsqu'il la traita "d'erreur de la nature". Son oncle, cette figure autoritaire et intraitable, était un Bêta avec une aura de protèle ; Esfir put le sentir et pour la première fois se mit à l'intimider physiquement. Rien ne fut plus pareil car conscient de commencer à perdre son emprise sur l'adolescente, Goran se mit à la battre comme plâtre pour tenter de la soumettre, demandant à ses domestiques de l'affamer durant ses ruts pour tenter de la contenir. Un soir qu'il est ivre, son oncle lui dit la vérité : il l'aime comme il la méprise, car elle est tout ce qu'il lui reste de son petit frère, tout en étant la raison de sa mort. Esfir est le fruit d'un viol : un officier supérieur abusait sexuellement de son père, Anatoliy, durant la période où ils officiaient ensemble. Goran voulait élever l'enfant dans l'esprit de vengeance, dans l'art des armes, pour qu'un jour elle soit son instrument pour ruiner la vie d'un membre de la célèbre famille Adamovitch. Elle était une bâtarde d'Artyom Adamovitch, officier supérieur de la garde impériale russe.
Ce que Goran omit de lui expliquer, c'était que cette histoire n'était qu'un vaste mensonge. Anatoliy et lui avait tenté de gravir l'échelle sociale en ourdissant un plan dans lequel Anatoliy devait séduire l'Adamovitch pour obtenir de lui un enfant illégitime et lui exiger le mariage ou une quelconque reconnaissance. Cela ne fonctionna bien évidemment pas, Artyom entrant dans une colère noire lorsqu'il compris que sa liaison avec Anatolyi n'était qu'une vaste cabale. Il rejeta l'Alpha Récessif et lui refusa la reconnaissance de l'enfant à naître qu'Anatolyi lui avait fait dans le dos (en préparant son utérus dans ce but, profitant de ses périodes de chaleurs), quittant le camp pour retourner à ses affaires militaires et détruisant ainsi les espoirs des frères Chevtchenko d'approcher les puissants en se servant de cette progéniture illégitime.
Le choc fut terrible. Être née d'un viol - pensait-elle - manqua de plonger Esfir dans la dépression mais face à cette nouvelle, en réagit avec une violence salutaire. Refusant d'être l'outil de son oncle, la jeune femme fuit le domicile familial à vingt ans, abandonnant tout derrière elle pour ne prendre que son cheval et s'enrôler dans l'armée. Se déguisant à nouveau en homme en prenant le pseudonyme d'Oleksandr Romanenko, elle s'illustra durant la Révolte des Boxers en Chine (1899-1901), notamment durant la prise de Port-Arthur (aujourd'hui Lüshun). Ses exploits parviennent aux oreilles du Tsar qui, séduit par le cran de la jeune Esfir— alias Oleksandr, la promeut au prestigieux régiment de hussards de Marienpol en tant que lieutenante en découvrant son identité. Trois ans plus tard, son régiment participe à la guerre russo-japonaise (1904-1905) et se retrouve mobilisé contre les Japonais qui veulent faire la main-mise sur la Mandchourie. Elle perd un bon nombre de ses hommes durant la bataille de Moudken, et manque d'y laisser la vie. C'est à son tour d'être rapatriée en Russie, tombée malade après la sanglante bataille.
Esfir avait survécu là où ses hommes sont morts, et n'en éprouva aucune culpabilité. Elle s'était jurée de survivre à tout, d'être cette mauvaise herbe qui ne crevait jamais. Son oncle n'était plus qu'un vieil homme qui ne tenait que par son désir impuissant de vengeance et sa haine de la famille Adamovitch, le fantôme d'un militaire brillant et d'un parent cruel. L'idée qui lui permit de tenir pendant la guerre fut de se venger un jour de tout ceux qui avait fait de sa vie un enfer, à commencer par Goran. Mais alors qu'Esfir voit ce que le vieillard est devenu, ce n'est pas la pitié qui la prit mais le dégoût qui l'envahit. Goran n'était pas son objectif final mais bel et bien cet Adamovitch qui avait violé son père et lui avait donné cette vie de misère qu'elle n'avait jamais demandé. Son oncle lui expliqua alors qu'Artoym Adamovitch avait demandé de l'aide à un ami pour étouffer l'affaire de sa naissance, un certain Ivan Nanuk. Voilà donc les vrais responsables... ce fut tout ce que son oncle accepta de lui dire et Esfir se mit en quête pour en découvrir plus. Il lui fallait découvrir non seulement comment Ivan Nanuk s'y était pris, mais aussi où résidaient actuellement les deux hommes. Au manoir Adamovitch bien évidemment ; c'était l'information la plus aisée à obtenir. Se lancer à corps perdu dans la guerre pour oublier, refuser d'être l'outil des plans de son oncle n'avait pas suffit à l'Alpha pour se sentir apaisée et parvenir à écarter de son esprit le spectre de la vengeance. Il faudrait qu'ils payent, sinon elle ne pourrait jamais vivre décemment. Quelle ironie que d'aller sur les terres de cette famille dont elle est la bâtarde, et que personne ne connait et ne reconnaîtra jamais.
En 1908, Esfir chevaucha seule jusqu'au manoir Adamovitch, seulement chargée de ses médailles et de quelques vêtements chauds, ainsi que de son cœur gonflé par la haine qui la faisait rester en vie. Elle se présenta en bon et du forme à la matriarche et se fit discrète malgré son naturel cavalier et bon vivant. Ayant obtenu le titre de baronne de par ses faits d'armes, elle commença alors son enquête. Ce vicelard d'Artyom n'était pas au manoir, battant la campagne russe par plaisir, peu présent parmi ses proches. On lui prêtait une réputation libidineuse et brutale ; Esfir n'était certainement pas sa seule bâtarde (surtout qu'elle croyait toujours à cette histoire de viol, n'ayant pas toutes les informations de l'intrigue des frères Chevtchenko). S'installant au manoir, l'Alpha commença à corrompre des domestiques pour être ses yeux et ses oreilles, par les promesses et la flatterie et non par la violence comme on aurait pu le croire. L'Alpha la joua fine pour détourner un peu d'argent des Adamovitch et l'utiliser pour se peaufiner son plan vengeur. Après tout, au fond, cet argent était un peu le sien quand on regardait la situation avec une mauvaise foi délétère.
Esfir garda un œil sur Ivan mais aussi sur sa femme, la vieille Tatiana. Quelques mois plus tard, le patriarche Nanuk mourut d'une maladie fulgurante provoquant ultimement une paralysie cardio-respiratoire. En vérité Ivan était décédé d'une intoxication aux solanacées - plus précisément à la tristement vénéneuse belladone - glissés dans sa nourriture par un domestique plusieurs mois durant, plusieurs fois par jour dans ses repas. Le retour au manoir du fils Nanuk, Viktor, empêcha Esfir de prendre directement la clef des champs sans avoir l'air suspecte. Elle prit alors la décision de demeurer au manoir pour attendre le retour de son géniteur, qui passait parfois voir sa famille car si elle s'était dans les premiers temps satisfaite de la mort d'Ivan Nanuk, il n'était que le complice d'Artyom Adamovitch. Mais cela lui avait permis de se faire la main et d'apprendre qu'elle était parfaitement capable de tuer quelqu'un en dehors d'un conflit armé, et sans le moindre honneur. L'honneur ne nourrit personne. Il fleurit sur la fosse où les cadavres de ceux qui ont cru en lui pourrissent en silence. Il gonfle d’orgueil les patriarches bouffis de confiance, tisse dans les cœurs son tissu de mensonges - de conneries à propos du devoir, cette obligation fallacieuse. Esfir n'avait jamais cru ni en l'honneur ni en la loyauté, ne jurant que par la vie elle-même. Et la seule personne en qui elle saurait jamais être loyale, c'était en elle-même.
Qu'est-ce que l'honneur, d'après elle ? Un mot. Qu'est-ce que ce mot, Honneur ? De l'air. Halloween
Dernière édition par Esfir Chevtchenko le Ven 7 Juin - 14:08, édité 2 fois |
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