Caractère
Vous voulez savoir quoi encore ? Vous m’avez tout pris et il faut encore que je vous parle ? Franchement vous m’insupportez, mais on va essayer de faire ça vite parce que vous ne me laissez pas le choix.
Au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, je n’ai pas ma langue dans ma poche. Je suis honnête, et franc. Mentir, très peu pour moi, sauf si c’est absolument nécessaire. Pour des questions de survie, par exemple. J’ai cette fierté pas forcément toujours bien placée qui m’a attiré bien des ennuis. Mais au moins, moi, je ne me travestie pas pour plaire à untel ou untel. En général…
De plus, j’ai des raisons d’être fier. J’ai de larges capacités en lesquels j’ai pleine confiance. Particulièrement lorsque je me passionne pour le sujet. Je peux passer des heures à travailler sur une tâche, méticuleusement, de manière à parfaire mon œuvre au maximum. Je travaille seul, le plus possible. J’aime beaucoup le contact des autres, mais à petites doses, et quand je suis dans ma bulle, ne venez pas me déranger.
En plus de cette grande concentration, je suis très charismatique. J’ai fait du théâtre, vous savez ? Et pour arnaquer des nobles crédules, il faut un peu de verbe. Je n’en manque pas. J’abreuve mes interlocuteurs de sérieux et de confiance, des traits qui ne siéent usuellement pas à un oméga. Mais que voulez-vous, je n’aurais pas dû être oméga de toute manière.
Quoi ? C’est qui que j’entends rire dans le fond là ? Je me berce d’illusion ? Je peux être un tantinet susceptible, alors ne vous avisez pas de me mener en bateau. Je m’en apercevrais. Et je suis suffisamment impatient pour vous cataloguer très vite, on juge d’abord, on discute après. Et si mon sarcasme vous dérange, peu m’importe. On m’a souvent taxé d’égoïste, c’est vrai. Restez bien profondément dans vos emmerdent et ne venez pas m’éclabousser avec.
Comment ? Je me laisse emporter ? Un peu. Je peux manquer de lucidité lorsque mon sang bout, c’est vrai. Cela ne m’empêchera pas de revenir à la charge lorsque je me serais calmé. Je peux être persévérant. Et la curiosité me poussera toujours à poser les questions qui fâchent. On ne se débarrasse pas de moi facilement, si vous avez quelque chose que je veux…
Ça vous suffit ? Laissez-moi tranquille maintenant… Vous voulez un tableau ? Mais bien sûr
monseigneur.
Physique
Je suis grand. Si 1m63 c’est grand. Laissez-moi dans mon déni. Mes cheveux sont châtains et mes yeux bleus. Je suis beau, oui, je sais, on me l’a déjà dit. Mais je ne suis pas spécialement d’accord. Ce visage rond et cette pilosité clairsemée ne m’ont jamais beaucoup plu. Je suis désespérément fin. Certes, je n’ai jamais vraiment eu le temps de développer ma musculature, mais ce qui est sûr, c’es que ça ne vient pas tout seul. J’ai juste assez de muscle pour ne pas paraitre squelettique, encore heureux.
Au moins je me suis vengé. Mon âme est ce petit oiseau marron au long bec qui se nourrit de nectar. Transformé, je tiens dans la paume de la main. Mais je me suis tatoué de nombreux oiseaux de proie. Si vous avez déjà vu un de mes bras, vous savez que j’aurais dû naitre, faucon, vautour ou condor. Ils ne sont pas tous beaux, mais que voulez-vous, il fallait bien faire des tests. Et l’aiguille ça fait mal !
J’ai toujours essayé de m’habillé de la manière la plus élégante possible. Même si je n’en avais pas forcément les moyens. Un petit veston, une petite chemise, de petites talonnettes. C’est comme ça que je me suis toujours vêtu, quand j’avais de l’argent. Au pinacle de ma popularité, j’avais assez d’argent pour m’habiller comme un riche bourgeois, avec des vêtements bien plus décorés. Et il le fallait pour pouvoir truander les nobles. Malheureusement, aujourd’hui je n’ai plus spécialement le choix…
Histoire
- Chronologie:
1882 – Naissance à Vladivostok de Boris et Ekaterina Sheremetev. Riches nobles de la ville qui lui offrent une éducation et beaucoup des percepteurs pour apprendre tout un tas d’arts. Dans sa jeunesse, Evgeny fait du théâtre.
1895 – Il est mis à la porte par son père. En effet, sa mère ne peut lus avoir d’autre enfant et il se trouve être un sal oméga qui ne pourra pas recevoir l’héritage. Pour survivre, il va voler et compter sur sa mère qui lui donne de l’argent en secret.
1897 – Rencontre avec Ivan Petrovich, un receleur avec qui i les lit d’amitié. C’est ce dernier qui va mettre Evgeny sur le chemin du travail de faussaire.
1902 – Rencontre avec Alex. Un trafiquant qui se trouve être tatoueur. Il apprend sa technique à Evgeny qui se trouve être un faussaire assez renommé. Il devient donc également connu pour son art de l’aiguille.
1910 – Capture par des détracteurs et revente aux Adamovitchs comme artiste.
Si vous lisez ces lignes c’est que je me suis fait chopper et que je ne verrais plus le soleil. Si vous pouviez faire parvenir ces mots à Ekaterina Sheremetev, ma mère. Je vous en serais reconnaissant… Qui que vous soyez.
Enfant
Cette partie, elle la connait. Vous allez la connaitre aussi, mais dans les grandes lignes. Première chose : je suis un artiste. Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours adoré l’art. j’ai pris des cours de peinture, de théâtre, de sculpture, de musique. J’ai tout essayé. En ça, je peux remercier père de m’avoir donné le jour dans une famille noble et fortunée. Père, parlons-en, il se nomme Boris Sheremetev. Je n’ai pas trop à me plaindre de lui dans cette partie-là de l’histoire. Il m’a donné une bonne éducation et m’a laissé m’intéresser à tout ce qui me motivait. Non, là où j’ai à me plaindre, c’est de ce regard. Es yeux étaient exigeants, mais avaient également toujours cette lueur de crainte et de mépris. Pourquoi ? Parce que je suis un colibri. Il m’a toujours reproché d’être un colibri. Je n’ai pas compris pourquoi, au début. Mais mère, oh ma douce mère effacée m’a expliquée. Ça ne présageait rien de bon, le colibri n’est pas vraiment un animal d’alpha. Et vous savez ce qui est le pire ? Mère ne peut plus enfanter. Elle est devenue stérile après avoir accouché de ma personne. Père ne pouvait plus faire d’enfant avec son âme sœur, et son seul enfant serait surement une poule pondeuse de la société ? Effectivement, cela ne lui plaisait pas beaucoup…
Evidemment, tout le monde jouait à l’autruche. Heureusement, mère m’avait prévenu, dans le secret de nos échanges. Père, lui, préférait continuer de me traiter comme le fils de bonne famille et aller aux représentations de notre petite troupe de théâtre enfantine. Mais ce qui devait arriver arriva. On était en 1895, je crois. J’avais quelque chose comme treize ans et j’ai découvert ce que sont les chaleurs. Mère, dans sa grande lucidité, avait senti le problème venir. Elle a réussi à cacher le sujet à père pendant trois mois. Trois mois où je vivais plusieurs jours d’intense tourment en secret. Je devais rester cacher, ne rien dire à mes amis. Plus longtemps le secret perdurait, plus longtemps rien ne changeait. Ça allait à tout le monde. Même à père. Parce qu’il n’était pas dupe. Ses sens d’alpha ne pouvaient pas avoir manquer que son fils était une petite catin d’oméga. Il faisait juste la sourde oreille aussi longtemps que possible.
Mais ça n’a pas duré si longtemps. Lors de ma quatrième chaleur, Boris est passé devant la porte. Là, il a explosé. Je ne vous dirais pas toutes les horreurs qu’il a dit sur moi et sur ma pauvre mère. Je vous écrirais juste les mots horribles qu’il a dit en me mettant à la porte quelques minutes plus tard :
- Va faire ta pute ailleurs ! Vous êtes bon qu’à ça de toute manière !
Et la porte s’est fermée. En l’écrivant, ça me reste encore en travers de la gorge, ou de la plume. Surtout que j’étais dehors. Ai-je besoin de vous faire un dessin sur ce qui arrive à un jeune oméga en chaleur, tout seul dans les rues de Vladivostok ? Honnêtement, l’alpha qui m’a ramassé était un gentleman. Il était même plutôt bienveillant et m’a laissé passer la nuit chez lui. Mais il a pris ce qu’il voulait. Rétrospectivement, vu que j’étais comme un phare dans la nuit pour les pires raclures d’alpha de la ville, j’ai eu de la chance. L’expérience n’en est pas moins restée traumatisante.
Adolescent
A treize ans, à peu près, j’étais un jeune oméga à la rue. A votre avis, comment je me suis débrouillé ? Non, je n’ai pas vendu mon corps. J’ai préféré volé, notamment en utilisant mon aura. Puis, mère, oh très chère mère, a commencé à me faire passer de l’argent et de la nourriture en secret. Nous nous croisions dans les rues et elle me glissait ce qui me permettait de m’en sortir.
Avec le temps, en trainant dans des endroits louches dans lesquels je me suis fait tabassé plus d’une fois, j’ai fini par rencontrer des gens. Notamment un certain Ivan Petrovich, qui se trouvait être receleur. Il a acheté mes larcins plus d’une fois avant que nous commencions à vraiment discuter. C’est lui qui m’a poussé vers l’art du faux. En effet, ma carrière d’artiste était complètement tombée à l’eau. Mais cela ne m’empêchait pas de continuer de dessiner régulièrement et d’y rêver. Grâce à lui, j’ai commencé à mettre tout l’argent que je pouvais mettre de côté afin d’acheter de quoi m’entrainer. Je vivais dans une petite chambre au dernier étage d’un immeuble de la ville qui commença rapidement à sentir le plomb et l’huile de lin. Je tentais de reproduire le plus fidèlement possible des tableaux connus sur base de photo. J’ai même réussi à trouver des jobs d’assistants, payés une misère, dans des ateliers d’artiste afin de les regarder travailler.
Bref je faisais ma vie. C’était dur, et je n’avais pas beaucoup de soutien. Mais au moins je continuais d’essayer de poursuivre mon objectif : vivre de l’art. (merci mère, encore une fois, d’avoir été mon seul soutien)
Adulte
Vous serez surement surpris, mais j’ai réussi. Progressivement, je me suis fait un nom. Avec les années, de plus en plus de gens me connaissaient et j’ai pu accumuler pas mal d’argent. L’avantage d’être à son compte et en dehors d’un système légal, c’est que moins de personnes vous prennent de haut. Je reste oméga, les clients qui pensent pouvoir prendre ce qu’ils veulent sous prétexte que je fais partie de la lie, il y en a toujours. Mais au moins, je peux les renvoyer dans leur pénates, et j’ai fini par avoir quelques amis pour m’aider en cas de véritable ennuie. Je vendais parfois mes tableaux à des revendeurs, à des amateurs d’arts consentant, ou simplement à des victimes qui pensaient réellement être en possession de la toile originale.
L’un de ses amateurs consentant se trouvait être un certain Alex. Diminutif ou surnom, je n’ai jamais su, mais c’était un béta très grand et très fort. Il pratiquait un art étonnant, celui de dessiner dans les chaires. D’abord dégouté par la pratique, j’ai vu le résultat et en suis rapidement tombé amoureux. Il est possible d’insérer de l’encre sous la peau, et elle reste. J’ai toujours détesté mon corps, et c’était une bonne manière de prendre une revanche dessus. J’ai laissé Alex me tatouer pour la première fois. Il était assez doué, mais j’ai fait bien mieux (bien pire aussi) par la suite.
Vous imaginez bien que les personnes prêtes à se faire percer la peau ne sont pas légion. Je n’en ai pas fait commerce. Cependant, certaines personnes trouvaient vraiment séduisant de se graver à tout jamais leur appartenance à tel ou tel groupe. Dans les milieux les plus populaires, c’était récurrent, sans être en vogue. J’ai dessiné sur plus d’un corps dans ma vie, sans compter le mien évidemment.
Bien sûr, tous ces talents m’ont parmi de me construire un réseau. Mais ce n’était pas au goût de tout le monde. J’ai souvent dû déménager. Quelques détracteurs, que j’avais potentiellement quelque peu arnaqués, m’ont régulièrement envoyé les flics. C’est ce qui m’a fait changer de ville une fois ou deux, m’éloignant de ma très chère mère. Mais je m’arrangeais toujours pour lui faire parvenir des lettres. Celle-ci sera la dernière…
Ah, je les entends qui montent les escaliers. Je ne sais pas ce qu’ils vont me faire exactement, ce n’est pas la police. Le dernier aristocrate que j’ai arnaqué s’est fortement énervé. Il m’a envoyé sa milice privée et on joue et au chat et à la souris depuis des mois. Malheureusement, le chat va bientôt refermer ses griffes sur sa proie, je n’ai plus d’échappatoire.